J'avais reçu le texte qui suit, écrit par la fille d'un ami, qui m'avait mis au défi de le publier et bien sûr, comme je n'aime pas les défis, j'avais laissé courir. Mais finalement j'ai lu ça je me suis dit que ce texte de Rolande reflète tout de même assez bien une certaine tendance qui ne s'exprime pas assez dans les débats actuels, et qui mérite d'être mieux connue, même si j'ai quelques désaccords avec elle…
(L'illustration, que j'ai trouvée sur Internet, n'engage aucunement l'auteure)
(L'illustration, que j'ai trouvée sur Internet, n'engage aucunement l'auteure)
Contre la farce du consentement mutuel, pour une guérilla féministe
Par Rolande
1. Dans un monde où, depuis le néolithique au moins, tous les hommes sont dominants, toutes les femmes dominées, la notion de consentement mutuel apparaît comme une mauvaise farce du discours démocratique. Quand règne sans partage la domination masculine, tout rapport sexuel entre un homme et une femme ne peut donc être
qu’un viol.
2. Nul n’a encore essayé de faire croire qu’il aurait existé un consentement mutuel entre colonisateur et colonisé. Et malgré tous les efforts de la novlangue managériale, nul ne croit qu’il existerait une égalité de pouvoir entre capitalistes et salariés. Qu’on ait inventé la mensonge du consentement mutuel pour occulter la violence primitive à l’origine du rapport sexuel est le signe qu’il fallait à tout prix en dissimuler le caractère fondamentalement inégalitaire.
3. Aux yeux de la femme, l’exploitation de l’homme par l’homme est un problème entre exploiteurs.
4. Nous faisons de notre souffrance une identité et de cette identité une politique. C’est pourquoi, au fond, il faut l’admettre : nous chérissons notre souffrance. Loin d’y voir un comportement morbide, j’y vois au contraire un retournement radical du stigmate. Aimons notre souffrance. Entretenons-la, caressons-la, approfondissons-la, c’est à ce prix, au prix d’une souffrance accrue, d’une blessure toujours ravivée et volontairement infectée, que nous pouvons faire reculer la domination masculine.
5. Notre souffrance c’est nous, et tous ceux, toutes celles qui entreprennent de la « guérir », c’est-à-dire de la diminuer dans la thérapie, de l’euphémiser dans un discours ou de la transcender dans l’action politique sont nos ennemiEs. Touche pas à ma souffrance !
6. Pour celles d’entre nous qui supportent encore le rapport hétérosexuel, il ne s’agit donc pas de s’y refuser mais au contraire de s’y adonner en jetant sans cesse notre souffrance à la face du partenaire, en lui faisant sans cesse sentir son rôle d’exploiteur et en lui montrant par la parole et par les actes que l’idée de consentement mutuel est une farce. Regardez-les bien pendant l’acte sexuel, quand l’excitation s’accroît, quand ils approchent de l’orgasme, voyez avec quelle ardeur ils nous la mettent profond leur grosse idéologie du consentement mutuel : en réalité, ce qui les fait jouir, ce qui fait reluire jusqu’au plus gentillet de nos mâles féministes de salon, c’est l’idée qu’ils entrent en nous en force. Le viol est un fantasme universel, le vrai fond de toutes les fantasmagories masculines. Tant que nous n’aurons pas fait rendre gorge aux hommes là-dessus, tant que nous n’aurons pas éradiqué le père de tous leurs fantasmes, ils nous domineront.
7. Seule cette guérilla étendue à des centaines de millions de lits pourra faire entrer en crise la masculinité qui nous opprime, et accessoirement opprime aussi les hommes.
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